Au travers d’un voyage riche en émotions et en rencontres, et d’un récit aussi réaliste que réfléchi, nous voyageons en compagnie de ce jeune homme comme si nous étions camarades de voyage.
En effet, le vocabulaire abordable permet au lecteur de créer un lien intime avec le voyageur. Nous nous trouvons dans un périple alliant l’insouciance juvénile et la factualité de ce monde. Avec l’aide d’une carte de cette expédition, nous nous aventurons avec lui dans un monde fait de solidarité, dureté, amitié et surtout d’humanité.
Un aspect historique permet de mettre en avant la tragédie et la désinvolture des actes des Khmers rouges. Ce récit montre avec un dosage juste et équilibré les vengeances de ces révolutionnaires.
« L’odeur de l’aurore, l’humidité de cette saison encore mi- froide mi-chaude, combinée aux premiers rayons dorés […] et à la crainte des explosions. », une dualité subtile entre la beauté que nous offre la nature et l’horreur de la culture humaine. Les Khmers rouges représentent une physionomie primitive de l’homme. Néanmoins, l’histoire nous permet de comprendre davantage le contexte dans lequel la motivation du jeune homme naît.
C’est avec des rencontres bouleversantes que nous découvrons la nature singulière de chaque être humain. Au niveau des amis ou encore des moments courts mais forts en émotions, mais aussi des professionnels aidant, les dimensions humanitaires et engagées nous font entrer dans un monde propre aux « étrangers ». Grâce aux personnes l’entourant et son exploit, nous arrivons dans une société individualiste. En revanche, lors de l’arrivée dans le centre d’accueil, nous découvrons une atmosphère collective et solidaire importante. Coincé entre une complexité administrative et un changement radical de vie, ce jeune homme montre malgré tout une puissante envie d’aller de l’avant et de se construire.
La rencontre avec Jeannine est un moment fort car il est synonyme de chaleur humaine ; ainsi l’écrivain nous conduit vers des traits de caractères que nous devons conserver pour une facilitation de la cohésion sociale et de l’intégration.
Au fur et à mesure des étapes, nous découvrons les différents aspects de la culture asiatique. Une description aussi riche que salivante qui seront mettre les sens du lecteur en éveil. Elle nous offre une proximité avec le jeune homme ainsi qu’une immersion totale avec lui.
Lors du départ de Zsunara une forme de liberté et d’excitation s’installe. De plus, c’est également une forme d’adieu physique à son environnement et sa culture, mais une forme d’attachement intérieur se forme permettant d’entretenir une appartenance ethnique. Durant les étapes, nous voyons une notion luxueuse naître, nous sommes alors à l’aurore d’un changement radical de culture.
Des bouleversements que nous partageons à deux, la possible perte de personnes proches conduisant à un chamboulement émotionnel et personnel. En effet, la remise en question additionnée d’une certaine douleur montre une dimension touchante du parcours.
Analyse de certains passages du texte
« A l’époque on pouvait encore s’y rendre sans craindre les tirs de roquettes des Khmers rouges. »
Cette phrase montre une différence entre l’avant et l’après, ce qui ouvre le regard sur cet endroit. Nous ne restons pas sur une image ternie mais une évolution historique. Elle reflète une violence certaine vécue par les habitants, mais nous rappelle également que le pays n’a pas toujours été synonyme de violence.
« Je voulais simplement être un voyageur anonyme »
L’anonymat est un concept très important, notamment dans un voyage de la sorte. Il est assimilé à la protection, la sécurité mais aussi à la banalité d’un acte qui n’est pourtant pas évident. La notion de simplicité atténue la complexité d’un voyage dans un contexte politique tendu.
« Je répétais sans relâche cette réalité morbide de mon pays natal. »
Une appartenance culturelle et émotionnelle est présente dans cette phrase. La « réalité morbide » présente un aspect très froid et glacial, d’autant plus que la réalité est une chose qui n’est pas facile à admettre.
« Nos destins nous diviseraient là »
L’avenir est une chose qui est commandé pour certain par le destin. Le destin est un concept que nous nous représentons par rapport à nos expériences. Le fait que ces personnes se divisent là, est une chose très symbolique et puissante. En effet, nous ne savons pas ce que l’avenir réserve.
« Avancer ou reculer dans l’inconnu »
L’inconnu est souvent une source de peur. Cependant, ce récit est une démonstration que l’inconnu est aussi source d’aventure et de différents savoirs, notamment l’acquisition d’une richesse humaine importante. Avancer ou reculer, représente les aléas de la vie et de nous-même, cela reste un voyage avec une dimension d’introspection majoritaire.
(Octobre 2018 par M OUEILLÉ)
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